Le Parfum, de Patrick Süskind

Bonne résolution de septembre : reprendre mes challenges ABC & De l’imaginaire là où je les ai un peu laissé – à l’abandon donc. Je reprends en force avec un livre qui traîne dans ma PAL depuis l’invention même de la PAL ou presque. Avec 1984, ils sont les deux livres qui collent tout à fait aux histoires qui me plaisent, mais que je ne me résous pas à lire. Et bien, ça y est !

Le Parfum, c’est l’histoire de Jean-Baptiste Grenouille, homme dépourvu d’odeur et doté pourtant du meilleur odorat. Très vite, les odeurs l’obsèdent. Il les identifie, les classe, les mélange, les aime et les déteste.

Qui maîtrisait les odeurs maîtrisait le coeur des hommes.

Grenouille semble dépourvu d’empathie, de conscience humaine. Je n’arrive pas à mettre les mots exactement sur ce qui lui manque, mais cela fait de lui un inadapté qui tente de cacher sa vraie personne au monde. Grenouille, dans son vocabulaire par exemple, ne peut utiliser que les mots qui ont une résonnance concrète. On lui a appris Dieu, la conscience, le bien et le mal, mais ce sont des notions sans odeur, qu’il peut donc difficilement comprendre.

Je trouve qu’au-delà de l’histoire de meurtres, qui est celle que l’on m’avait toujours racontée, c’est bien la dimension humaine – ou non-humaine – de Grenouille qui fait tout l’intérêt du Parfum. Bien plus que l’histoire d’un meurtrier maintes fois reprises dans des séries, on retrouve des thématiques bien plus fortes ici : la solitude dont souffre le personnage principal durant toute l’histoire, par exemple. L’auteur a aussi une vision bien particulière de la société de l’époque, qu’il n’hésite pas à nous transmettre par le biais de son narrateur. La présence de ce dernier rend l’écriture très agréable, et permet des digressions par rapport à l’histoire principale. Dans ce roman, on trouve aussi beaucoup la notion de bien et de mal, de la présence ou non du diable dans cet individu. Tous ces éléments font du Parfum un roman extrêmement riche et intéressant.

Tout au long de sa vie, même dans les rares moments où il connut des bouffées de satisfaction, de contentement, voire peut-être de bonheur, il préféra toujours l’expiration à l’inspiration – de la même façon, d’ailleurs, qu’il n’avait pas commencé sa vie en prenant son souffle avec espoir, mais en poussant un cri meurtrier.

Mais ce qui reste le plus extraordinaire dans ce livre à mes yeux, ce sont toutes ces descriptions d’odeurs. La creux à la base de la tête d’un nouveau-né sent-il vraiment le caramel ? Puisque Grenouille a cette capacité de décortiquer chaque odeur en un bouquet composé de quantités bien précises de senteurs bien différentes, évidemment les parfums sont partie prenantes de l’histoire. Et pour quelqu’un qui, comme moi, a un odorat moins que développé (merci les allergies), cette vision – senteur plutôt – du monde est un point de vue intéressant et interpellant !

Et plus tard, quand il apprit par des récits combien la mer était grande et qu’on pouvait voyager dessus pendant des jours sur des bateaux, sans voir la terre, rien ne le séduisit tant que de s’imaginer sur l’un de ces bateaux, perché à la cime du mât de misaine et voguant à travers l’odeur infinie de la mer, qui de fait n’était nullement une odeur, mais un souffle, une expiration, la fin de toutes les odeurs, et dans ce souffle il rêvait de se dissoudre de plaisir.

Bref, je ne vais pas refaire l’histoire de la littérature avec cette chronique – Le Parfum est un livre qui a traversé l’ère du temps, avec des qualités indéniables et une critique de l’humain qui est, peut-être plus que jamais, valable ! Si ce n’est pas encore fait, je vous conseille donc d’y jeter un coup-d’œil pour vous faire une opinion par vous-mêmes !

abc2016

Challenge ABC 2016 : 12/26

7 réponses sur « Le Parfum, de Patrick Süskind »

  1. Je l’ai vu en film. Jamais lu par contre. Mais je me souviendrais toujours de cette fin !!!! C’est un truc de fou !

  2. Oui. Jean-Baptiste Grenouille est typiquement le genre de personnage que je n’aime pas habituellement: froid, hors de l’humanité pleine de sentiments. Ça me dérange toujours, mais pour une fois, le fait que je ne m’accroche pas au héros est bien passé !

  3. Comme toi, les descriptions d’odeurs m’ont vraiment marquée. Je suis très sensible au odeurs, c’était du très étrange de les voir au premier plan dans un livre (c’est tellement rare!)

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