× Un automne avec Thoreau × La désobéissance civile, de Henry David Thoreau

Il était temps que je découvre ce petit texte que j’ai si souvent croisé lors de lectures ou de visionnages de documentaire ou que sais-je, dans mes centres d’intérêts et mes valeurs. C’est ce titre, qui a fait que je me suis intéressée à Thoreau il y a deux ans. Mais puisque c’eut été trop facile de lire le titre qui me faisait envie depuis si longtemps, j’ai fait un petit changement de lecture en dernière minute pour cet auteur, et je m’étais alors dirigée vers Walden.

Donc, quand Chinouk a proposé cet automne avec Thoreau, finalement, c’était l’occasion pour moi de lire enfin ce texte. Tu verras dans les jours qui suivent que je ne me suis pas arrêtée à cela, mais que veux-tu.

Même si je n’en parle que peu par ici, je suis assez active dans différentes associations, et je n’hésite pas à porter main forte quand je peux aider à la promotion ou la défense d’idées qui me sont chères. Ce qui est juste me paraît valoir le coup de se battre, et je dois reconnaître que ces derniers mois (voire années), il m’est arrivé plusieurs fois de me rendre compte à quel point ce qui était légal n’était pas spécialement juste.

Comment faire alors pour protester contre tout cela ? Désobéissance civile, objection de conscience, etc. Ce sont des termes que je croise énormément dans mes réflexions, et j’ai donc décidé de remonter à la source, et de faire connaissance avec ce texte de Thoreau. Et je dois dire que je suis assez heureuse de l’avoir fait.

Il me reste tout un tas de petits textes à lire de lui, et peut-être craquerais-je même un jour pour son journal. Mais il semble que plus je fais sa connaissance, plus je découvre un mode de pensée et d’action (ce qu’on oublie parfois – le réduisant à un être pacifiste qui se « contente » de « ne pas faire ») qui me convient énormément. Son souci pour la nature, pour ce qui est juste, son érudition, aussi. Tout ça me correspond énormément et je dois avouer que je ne fais que confirmer cela à chaque fois que je le découvre un peu plus.

Je ne vais pas me permettre de « critiquer » son texte phare, rien que d’en parler et de rappeler son existence est déjà un bon pas, je trouve. Mais comme pour Walden, j’ai pointé des citations du livre que j’aimerais partager ici, qu’il s’agisse d’un simple mémo pour moi ou d’une source d’inspiration pour vous. Pour info, j’ai lu le livre dans sa traduction par Jacques Mailhos dans la collection Totem de Gallmeister.

Je pense que nous devrions être d’abord des hommes, et ensuite des sujets. Il est moins souhaitable de cultiver le respect de la loi que le respect du bien moral. La seule obligation que j’ai le droit de suivre est celle de faire en tout temps ce que je pense être le bien.

Quiconque se dévoue entièrement à ses contemporains paraît inutile et égoïste aux yeux de ces derniers. Mais quiconque ne se dévoue à eux que partiellement est déclaré bienfaiteur et philanthrope.

En d’autres termes, quand un sixième de la population d’une nation qui s’est donné pour but d’être le havre de la liberté se trouve réduit en esclavage, et qu’un pays tout entier se voit injustement envahi et conquis par une armée étrangère, et soumis à la loi martiale, je crois qu’il est alors plus que temps que les hommes honnêtes se rebellent et fassent la révolution.

Faites de votre vie une contre-friction pour gripper la machine. Il est de mon devoir, en tout état de cause, de m’assurer que je ne contribue pas au mal que je condamne.

Ceux qui pensent qu’ils perdraient en ce lieu toute influence, ceux qui pensent que leur voix n’atteindrait plus les oreilles de l’État, ceux qui pensent qu’ils cesseraient d’être perçus comme une menace entre les murs de cette prison, ceux-là ne savent pas à quel point la vérité est plus forte que l’erreur, ni quel surcroît d’éloquence et d’efficacité l’on gagne à combattre l’injustice lorsqu’on l’a éprouvée un tant soit peu dans sa chair. (…) Si mille hommes refusaient de payer leurs impôts cette année, ils ne commettraient pas un acte aussi violent et sanguinaire que s’ils les payaient et permettaient ainsi à l’État d’exercer sa violence et de faire couler un sang innocent. C’est là, en réalité, la définition même de ce qu’est une révolution pacifique, si tant est qu’une telle révolution soit possible.

Il me coûte moins à tout point de vue de subir le châtiment encouru pour avoir désobéi à l’État qu’il m’eût coûté d’y obéir. Dans ce dernier cas, je ne pourrais que me sentir misérable.

Nous aimons l’éloquence pour l’éloquence, par pour les vérités qu’elle pourrait exprimer, ni pour l’héroïsme qu’elle pourrait inspirer.

Il me plaît d’imaginer un État qui pourra enfin se permettre d’être juste envers tous les hommes, et en même temps traiter l’individu avec respect, comme un voisin. Un État, même, qui ne considèrerait pas comme dangereux pour sa propre pérennité qu’un petit nombre d’hommes vivent à l’écart de sa mêlée, sans y intervenir, sans se faire entraîner par lui, tout en accomplissant les devoirs qui échoient aux voisins et aux concitoyens. Un État qui porterait ce genre de fruit, et qui accepterait de les voir tomber aussitôt qu’il est mûr, ouvrirait la voie à un État encore plus parfait et encore plus glorieux, que j’ai aussi imaginé, mais encore jamais vu.

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