Walden, ou la vie dans les bois, de Henry David Thoreau

Parmi mes choix du Challenge ABC, j’avais envie de lire du Thoreau. Allez savoir pourquoi, alors que Désobéissance civile me faisait de l’œil depuis si longtemps, j’ai décidé d’inscrire Walden à la place. En le choisissant, je m’attendais à un récit de vie à la Alexander Supertramp (ou Chris McCandless de son vrai nom), le héros dont on relate l’aventure dans Into the Wild.

Et quelle ne me fut pas ma surprise en voyant que la vie de Thoreau était différente, même si l’idée inhérente de vouloir vivre de manière totalement indépendante face à la société reste présente ici. Thoreau décide de s’installer au bord de l’Etang de Walden, près de la ville de Concord. Il ne se coupe pas totalement de la civilisation, bien qu’il savoure les moments de solitude et les rencontres impromptues avec les gens qui passent près de sa cabane.

Le récit qu’il fait de son expérience est très détaillé. Très. Trop peut-être, par moments. De sa culture de haricots qu’il sarcle aux couleurs de l’étang à travers les différentes saisons ou encore la taille de la couche de glace, tout passe sous l’étude de Thoreau, avec parfois énormément de détails techniques, naturalistes ou économiques.  Combinez à cela le style assez lourd de Thoreau, pour lequel je suis presque sûre que ma traduction n’aide pas à le faciliter, et vous obtenez une lecture extrêmement compliquée. Voire indigeste par moments.

Walden, ou la vie dans les bois nécessite de son lecteur une capacité d’attention complète, et je dois avouer que ce n’était pas tout à fait le style de lecture que je cherchais en ce moment. J’ai quand même arrêté toute autre lecture, voire toute autre activité, pour lui laisser un maximum de place. Et vous en retirer quelques intérêts sur lesquels philosopher. Parce que oui, si l’écriture est lourde, si les détails sont nombreux, cela reste un livre dans lequel l’auteur remet en question la façon de vivre de sa société (aux alentours de 1850-1860). Et l’histoire de quelqu’un qui cherche à vivre simplement, au plus près de la nature. Cela reste très actuel comme questionnements, et ce sont des thèmes très souvent abordés à l’heure actuelle – par des livres, des documentaires, des films (comme le FABULEUX Captain Fantastic).

Voilà donc ce que je retiens de « Walden, ou la vie dans les bois », pour creuser plus encore ma réflexion quant aux sujets soulevés par le livre. Ce sont des citations prises en vrac dans le livre, que j’ai cru bon de surligner pour y revenir quand j’aurai digéré mieux ma lecture. Attention, c’est long 🙂

L’opinion publique est un faible tyran comparée à notre propre opinion privée. Ce qu’un homme pense de lui-même, voilà qui règle, ou plutôt indique, son destin.

La banqueroute et la dénégation de dettes sont les tremplins d’où s’élance pour opérer ses culbutes pas mal de notre civilisation, tandis que le sauvage, lui, reste debout sur la planche non élastique.

Dans le temps qu’elle a passé à perfectionner nos maisons, la civilisation n’a pas perfectionné de même les hommes appelés à les habiter. Elle a créé des palais, mais il était plus malaisé de créer des gentilshommes et des rois.

Mais je suis plus sage. J’ai appris que le voyageur le plus prompt est celui qui va à pied.

Ce qu’il me fallait, c’était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression, et, si elle se découvrait mesquine, eh bien, alors ! en tirer l’entière, authentique mesquinerie, puis divulguer sa mesquinerie au monde ; ou si elle était sublime, le savoir par expérience, et pouvoir en rendre un compte fidèle dans ma suivante excursion.

Au lieu d’hommes nobles, ayons de nobles villages d’hommes. S’il est nécessaire, omettez un point sur la rivière, faites un petit détour par-là, et jetez une arche sur le gouffre plus sombre d’ignorance qui nous entoure.

Grâce à mon expérience, j’appris au moins que si l’on avance hardiment dans la direction de ses rêves, et s’efforce de vivre la vie qu’on s’est imaginée, on sera payé de succès inattendu en temps ordinaire.

Alors même que vous apprendriez à parler toutes les langues, et vous conformeriez aux coutumes de toutes nations, iriez plus loin que tous voyageurs, seriez naturalisé sous tous climats, et forceriez le Sphinx à se fracasser la tête contre une pierre, obéissez cependant au précepte du vieux philosophe, et Explore-toi toi-même.

Il suffit d’une petite pluie pour rendre l’herbe de beaucoup de tons plus verte. Ainsi s’éclaircissent nos perspectives sous l’afflux de meilleures pensées. Bienheureux si nous vivions toujours dans le présent, et prenions avantage de chaque accident qui nous arrive, comme l’herbe qui confesse l’influence de la plus légère rosée tombée sur elle ; et ne perdions pas notre temps à expier la négligence des occasions passées, ce que nous appelons faire notre devoir. Nous nous attardons dans l’hiver quand c’est déjà le printemps.

Tant que les hommes croiront en l’infini, certains étangs passeront pour n’avoir pas de fond.

Je ne sais pas si c’est de la mélancolie ou un commencement d’extase. Nota bene. L’occasion manquée ne se retrouve plus.

Lève-toi libre de souci avant l’aube, et cherche l’aventure. Que midi te trouve près d’autres lacs, et la nuit te surprenne partout chez toi.

Je suis convaincu que si tout le monde devait vivre aussi simplement qu’alors je faisais, le vol et la rapine seraient inconnus. Ceux-ci ne se produisent que dans les communautés où certains possèdent plus qu’il n’est suffisant, pendant que d’autres n’ont pas assez.

Voici, ce n’est pas une critique comme les autres, mais ce n’est pas non plus un livre comme les autres !

abc2016

Challenge ABC 2016 : 14/26