American War (#PocheduMois #PicaboRiverBookClub #2), de Omar El Akkad

Traduit par Laurent Barucq.

J’ai un peu de retard pour faire mon retour sur le choix de décembre du #PocheduMois du Picabo River Book Club, mais tant pis.  Je n’ai pas encore réussi à tout lire dans les temps, malgré le fait qu’à peu près chaque sélection me faisait envie (mais le Picabo River Book Club a ce don). En décembre, je pensais vraiment pouvoir y arriver. Mais j’ai terminé ma lecture début janvier, après avoir fait une pause littéraire d’après-fête (sûrement un lien avec le fait d’avoir trop mangé).

Bref, je m’égare. Ce livre était l’un des trois proposés pour décembre donc (avec aussi Candyland et Le cœur battant de nos mères). Je l’ai choisi parce que la dystopie m’intéresse pas mal ces derniers temps, et me propose quelques bonnes lectures. Mais surtout, parce que c’est en genre qui fait énormément réfléchir à notre société actuelle et ce qui existe qui pourrait mener à la réalité dépeinte.

Ici, nous sommes plongés en pleine nouvelle guerre de sécession américaine, une guerre entre le Nord, partisan d’arrêter l’utilisation des énergies fossiles suite aux désastres écologiques qui ont eu lieu, et le Sud, qui tient à son bon vieux pétrole.

Pour nous conter cette histoire, on va suivre la famille Chestnut – deux parents, un garçon et deux filles, des jumelles. On va tout particulièrement suivre le destin de Sarat, l’une des jumelles, un peu garçon manqué, qui finit par devenir l’une des recrues les plus efficaces des rebelles du Sud. L’incertitude, le camp de réfugiés, la maladie, la violence, l’injustice, les préjugés, les valeurs, la propagande, la mort. On traverse avec Sarat un tas de situations et d’émotions, dans son parcours à travers cette guerre.

Ce roman est le premier de Omar El Akkad, et franchement, c’est une belle réussite. A la fin de chaque chapitre, on retrouve un document historique de cette nouvelle guerre de sécession, qui ajoute au témoignage que nous fournit indirectement Sarat.

Parmi les dystopies que j’ai pu lire, celle-ci est probablement l’une des plus réalistes, peut-être parce qu’elle est plus récente que les autres. L’auteur décrit dans son récit différents enjeux, outre celui qui a précipité cette guerre. On va ainsi retrouver une république très puissante là où existaient autrefois différents régimes qui ont été contestés par pas moins de quatre printemps arabes, avant que le cinquième ne porte ses fruits. Ce nouvel état est si puissant qu’il remplace finalement ce qu’on peut considérer comme la position actuelle des Etats-Unis, avec un rôle prépondérant sur la scène internationale, un rôle de médiateur dans les conflits, etc. Même si cette partie n’est pas la plus développée, la réflexion est vraiment intéressante.

Indirectement aussi, bien que ce soit au cœur du conflit, on va toucher au désastre écologique qui nous menace. Nous prenons le récit dans les années 2070, et d’après ce que l’on comprend en complétant le puzzle, les désastres climatiques sont courants (typhons, ouragans, etc.). L’eau est montée, changeant radicalement la carte des Etats-Unis, mais aussi de l’Europe, où l’on nous dit que des bateaux de réfugiés se dirigent chaque jour de l’autre côté de la Méditerranée. La faune a subi des extinctions incroyables, et très peu de choses continuent à pousser sur les terres qui persistent. C’est une version pas très glorieuse de l’avenir, et c’est pourtant très crédible encore une fois, quand on sait que nous détruisons la planète sans vergogne un peu plus chaque jour.

On peut aussi parler de ces Oiseaux, des drones qui ne sont plus commandés par personne et qui larguent leurs bombes au hasard. On peut évoquer les questions d’engagement envers une patrie. Bref, ce livre regorge de thématiques intéressantes. Son écriture est très efficace, et ce qui sonne comme un compte-rendu, sans trop de sentiment – puisque ce n’est pas trop le genre de Sarat, est une lecture assez accrocheuse.

Je recommande donc cette lecture de qualité, bien qu’on ne ressorte pas spécialement joyeux quant au futur qui nous attend. Mais la dystopie n’est-elle pas là pour nous permettre d’éviter que certaines erreurs se produisent ?

Une réponse sur « American War (#PocheduMois #PicaboRiverBookClub #2), de Omar El Akkad »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.