The Power (#OurSharedShelf #15), de Naomi Alderman

Pour mes rattrapages #OSS, j’avais choisi de lire en février The Power, qui était la dernière sélection de 2017. Ça tombait assez bien en plus parce que le livre venait de sortir en français, et je pouvais donc suivre un peu les avis des autres francophones sur ce bouquin qui a été présenté comme un best-seller.

Et finalement, je dois reconnaître que je rejoins plusieurs avis que j’ai lus ailleurs.

31195557

Pour la forme du livre d’abord, j’ai eu beaucoup de mal à accrocher à la construction. On est dans une sorte de compte à rebours avant un jour où on ne sait pas exactement ce qu’il va arriver. On commence donc à une période où petit à petit, des filles découvrent qu’elles ont ce pouvoir, et ne savent pas trop l’utiliser. Le récit est, à chaque période, séparé en chapitre concernant un ou l’autre personnage. Au total, on en suit quand même quatre ou cinq je dirais, et donc il faut bien se rappeler où en est chaque personnage quand on revient à lui dans une période ultérieure. Le récit est très sobre, on n’y fait pas vraiment de sentiment. C’est un compte-rendu de la situation selon différents points de vue. Je pense que c’est la volonté de l’autrice, puisque le récit est supposé être un compte-rendu historique – si je me fie à son introduction et sa conclusion. Je dois avouer que tout ça n’était pas spécialement engageant, et je l’ai pourtant lu en VO – j’avais cru que ça m’enlèverait peut-être quelques réticences par rapport à certaines critiques francophones qui auraient pu être liées à la traduction.

Cependant, quand on s’intéresse au fond du livre, là ça devient extrêmement intéressant. L’histoire est donc un monde où, petit à petit, les filles et les femmes vont se découvrir un pouvoir qui leur permet d’électrocuter d’autres personnes. Elles vont développer ce pouvoir, le contrôler et chacun de nos personnages apprend à s’en servir petit à petit, selon ses buts. Le livre a été vanté un peu partout comme le nouveau livre « féministe », ou en tout cas qui remet en question le statut de la femme. Je l’ai d’ailleurs lu dans le contexte du bookclub féministe d’Emma Watson, et donc je dois t’avouer que je l’ai commencé dans cette optique-là.

We’re only pretending everything is normal because we don’t know what else to do.

Toutefois, en le refermant, je me suis dit que ça ne pouvait pas être ça, le féminisme. Puisque personnellement, ma vision du féminisme est plutôt un combat pour l’égalité, je t’avoue que le scénario où l’on voit petit à petit les femmes prendre le pouvoir de façon assez brutale ne me tente pas vraiment. D’ailleurs, mon personnage préféré s’est révélé être le seul personnage masculin qu’on a suivi depuis le début, Tunde.

Et puis, je me suis arrêtée cinq minutes (et je me suis alimentée d’autres réflexions) pour me rendre compte qu’au final, le gros attrait du livre n’est pas tellement sa réflexion sur le statut de la femme. Evidemment, on voit quelques changements en faveur de la femme dans la société, et c’est intéressant. Mais l’intérêt même du livre, c’est la réflexion qu’il nous pousse à avoir sur le pouvoir. N’est-ce pas ça le titre d’ailleurs ?

It doesn’t matter that she shouldn’t, that she never would. What matters is that she could, if she wanted. The power to hurt is a kind of wealth.

On suit différentes personnes qui tirent parti de ce nouveau pouvoir, et qui vont donc devenir des figures emblématiques de la nouvelle société qui se met en place, et qui n’est sincèrement pas une société idyllique.

Que faire quand le pouvoir change de main ? Quelle influence a le pouvoir sur les personnes ? Quelles limites les gens sont-ils prêts à dépasser une fois qu’ils ont pris goût au pouvoir ? Tout cet aspect du livre m’a vraiment intéressée, et j’ai trouvé que c’était probablement la réflexion la plus aboutie que l’autrice nous proposait.

This is the trouble with history. You can’t see what’s not there. You can look at an empty space and see that something’s missing, but there’s no way to know what it was.

5 réponses sur « The Power (#OurSharedShelf #15), de Naomi Alderman »

    • Il faut vraiment l’aborder par là, je pense, pour que la réflexion soit réellement intéressante. J’ai commencé par l’aborder sur le thème du féminisme, et là, je n’ai pas trouvé tout ce que je voulais dedans. Mais une fois que je suis passée en mode « mais en fait, ça me parle de pouvoir », j’ai trouvé le tout beaucoup plus intéressant 🙂

  1. Ce titre m’intrigue beaucoup car je ne cesse de le voir (sur internet, dans les librairies…). J’espère avoir bientôt l’occasion de le lire, mais ma priorité reste ma PAL. Au pire, j’attendrai la sortie en format poche.

    • Je n’ai pas accroché à la forme, mais elle prend son sens dans l’ensemble du livre (avec l’intro et la conclusion où on comprend que le texte est plus scientifique qu’un roman). Et en effet, la réflexion que l’autrice a amenée sur le Pouvoir suffit à justifier l’intérêt du livre 🙂 Pas un coup de coeur pour moi, mais il y a clairement un attrait !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.