Une nouvelle Terre, de Dominique Bourg (Masse Critique Babelio #12)

Lors de la masse critique non-fiction de juin de Babelio, j’ai reçu Une nouvelle Terre, de Dominique Bourg – pour lequel, il faut l’avouer, j’ai été très attirée par un titre qui me promettait tout un programme. Et le programme est plus que rempli avec cet essai de Dominique Bourg, dans lequel il va tenter de mettre en avant des arguments raisonnables (basés sur la raison donc) pour montrer que Une nouvelle Terre est encore envisageable, mais qu’il ne faudra plus traîner et qu’il va falloir changer deux trois choses.

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Son exposé est en partie basé sur des faits scientifiques et une étude des changements climatiques, mis en parallèle avec des changements dans la façon de consommer et de produire, mais il est aussi spirituel, en nous montrant que les hommes se font énormément de mal à continuer sur cette voie, en termes de communauté, en termes de nourriture de l’esprit.

C’est tout un programme, je te l’ai déjà dit. Et je dois reconnaître que je ne sais pas encore si j’étais dans une bonne disposition pour recevoir tout ça – parce que mine de rien, cette lecture était bien plus difficile qu’un roman, puisqu’elle demande un investissement plus grand en termes d’attention, de réflexion et d’esprit critique. Toutefois, c’est une thématique qui m’intéresse énormément, et je me suis donc accrochée (je l’avoue, en grande partie à cause des délais imposés par la masse critique) pour avancer à mon rythme dans cette réflexion super intéressante malgré tout. Je n’exclus donc pas d’y revenir un jour où je pourrai prendre mon temps et mieux digérer la masse d’informations partagées.

Ce petit livre (234 pages) est extrêmement dense, et beaucoup d’aspects différents d’une même question y sont abordés – ce qui renforce peut-être le sentiment d’être noyé dans des informations trop nombreuses quand on ne prend pas le temps qu’il faut pour se retrouver avec ce livre.

Toutefois, les réflexions qui sont présentées par le vice-président de la Fondation pour la nature et l’homme (il n’y a pas si longtemps encore Fondation Nicolas Hulot) ne manquent pas de nous faire réfléchir sur la place qu’on peut prendre pour se diriger vers cette nouvelle Terre annoncée, et sur comment notre société en est arrivée là où elle en est. Oui, l’auteur s’attache à comprendre les causes de notre position actuelle avant de prétendre vouloir la changer, et ça promet donc un voyage dans la construction de notre société ultra-libérale et ce qu’elle détruit depuis qu’elle n’atteint plus ses objectifs.

Je ne vais pas trop m’attarder sur le fond, parce que comme je l’ai dit, je ne suis pas sûre d’avoir suffisamment pu tout digérer. Mais je te propose ici quelques extraits qui sont, pour moi, des morceaux essentiels du raisonnement et qui sont les passages qui m’ont donc le plus poussé à réfléchir sur ce que l’auteur me disait. Toutefois, si la thématique de l’impact climatique et de la création d’une nouvelle société pour tenter de sauver ce qu’on peut encore sauver vous intéresse, je pense qu’il s’agit-là d’une lecture qui devrait vous parler et vous permettre de réfléchir à cela par différents thèmes : politique, spirituel, philosophique, scientifique, etc.

Depuis le début des 1970, les courbes exprimant d’un côté la croissance du PIB, et de l’autre l’élévation du sentiment de bien-être, se sont disjointes et sont même devenues contradictoires. Depuis une vingtaine d’années, la croissance ne débouche plus sur une création, mais une destruction nette d’emplois. Enfin, après avoir réduit les inégalités, elle les multiplie désormais, et ce depuis au moins une dizaine d’années.

 

Au « j’ai faim » de la première société industrielle aurait succédé le « j’ai peur » des contemporains, reléguant au second plan les conflits entre capital et travail, riches et pauvres.

Si la réalisation de ces risques venait à affecter l’ensemble de la société, c’est le système assurantiel qui s’effondrerait. D’où la suspension des systèmes assurantiels en cas de guerre, les dommages devenant alors systématiques et n’affectant plus des individus mais la société.

 

Le « fait que, de tous les être organiques, écrivait-il (George Perkins Marsh), seul l’homme soit à considérer comme essentiellement une force destructrice, et qu’il déploie des énergies face auxquelles la nature – cette nature à qui toute la vie matérielle et toute la substance inorganique obéissent – est totalement impuissante à résister, tend à prouver que, bien qu’évoluant dans la nature physique, il n’en fait pas partie, mais qu’il est d’origine supérieure et appartient à une classe d’existence plus élevée que celles nées des entrailles de la nature et soumises à ses ordres ».

 

Le maître mot est réduire : réduire les flux de matière et d’énergie qui nous ont conduits là où nous sommes ; réduire notre empreinte écologique pour revenir à une planète. Cesser de considérer le monde comme devant être sans fin exploité et transformé, réapprendre à le contempler. Cela semble pour le moins contradictoire avec l’esprit moderne.

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