Hurry on down, de John Wain (Masse Critique Babelio #13)

Je reviens vers toi tout juste dans les temps impartis par Babelio pour te parler de la dernière masse critique réceptionnée. Suite à l’opération de septembre, j’ai reçu le titre Hurry on down, de l’auteur britannique John Wain (à ne pas confondre avec le célèbre américain de westerns, même consonance, pas même orthographe, hum).

Je vais commencer par te toucher rapidement deux mots sur la maison d’éditions, puisqu’elle est toute nouvelle et que ce livre est leur première parution, si j’ai bien compris. J’étais agréablement surprise de voir que mon colis ne contenait pas que mon livre, mais aussi un petit feuillet de présentation des Editions du Typhon et des publications à venir, ainsi que deux très jolies cartes postales qui représentent les deux collections qu’ils lancent.

La première collection, Après la tempête, est celle dans laquelle on retrouve Hurry on down (paru le 18 octobre dernier). Il s’agit de traductions inédites, de rééditions et de premiers romans. La deuxième collection porte le joli nom de « Les hallucinés » et est une collection d’histoires de fantômes, dont le premier titre sera – toujours si j’ai bien compris – Eltonsbrody, de Edgar Mittelhozer (en librairie en février 2019).

Le projet des Editions du Typhon me semble prometteur, et je dois avouer que cette première lecture dans leur catalogue m’a plutôt séduite. Le point commun des livres choisis pour la collection Après la tempête, c’est de « proposer des auteurs qui, bien qu’éloignés dans le temps et dans l’espace, se retrouvent à être habités par une ambition commune : sonder les êtres après des périodes de conflits ». Ainsi, par exemple, John Wain fait partie du courant littéraire des Angry Young Man, une jeunesse désabusée qui se rend compte que, après la guerre, la société telle qu’elle a toujours été ne leur correspond plus.

Le personnage principal de Hurry on down, Charles Lumley, va par exemple rejeter son éducation et ses origines aisées, et tenter tout au long de l’histoire de s’en affranchir. Il estime que sa naissance dans une « bonne » famille ne devrait pas être suffisante pour construire son destin. Ainsi, il va avoir un parcours extrêmement atypique et questionner sans cesse son statut. Ni jamais tout à fait membre d’un niveau social ou de l’autre, il erre sans jamais réellement chercher à appartenir à quelque chose. Il fuit tout ce à quoi il pourrait être affilié.

Charles va voguer d’une expérience à l’autre, d’un métier à l’autre – laveur de carreau, transporteur de voiture, passeur de drogue, chauffeur privé, sorteur – toutes ces expériences vont finalement assez fréquemment lui montrer qu’il ne peut pas réellement atteindre ce qu’il souhaite atteindre.

L’auteur, via son personnage principal, a un regard très critique sur la société de son époque – peut-être un peu plus tendre envers les classes sociales inférieures, mais il écorche tout et questionne tout.

Au fil des histoires à la fois décousues et extrêmement liées qui composent le parcours original de Charles, on ne sait pas trop que ressentir pour lui. Il a parfois l’air d’être un spectateur passif de son existence, et à d’autres moments, il semble à la fois saisir chaque opportunité qui se présente. Il vit une vie très diversifiée, et en même temps, il semble continuellement las, mécontent et insatisfait.

Comment peux-tu dire une chose pareille ? Tu ne sais pas qu’une femme, lorsqu’elle aime, elle veut tout, tout, y compris les soucis, oui, tout, spécialement les soucis ? Tu ne comprends pas que la seule chose qui l’accable, c’est de sentir que celui qu’elle aime garde un fardeau pour lui tout seul ?

On comprend très rapidement qu’il manque quelque chose à Charles : un sens, une explication, un je-ne-sais-quoi qui fait qu’il ressent ce besoin de fuir quelque chose qu’il n’arrive pas à se formuler pendant une bonne partie du livre.

Finalement, cette histoire m’a fait repenser à ma lecture de Candide, si ce n’est que j’ai trouvé que Charles exposait mieux au lecteur le pourquoi de sa « passivité » dans sa propre vie, de sa neutralité et de son besoin de rester éloigné. Si Candide m’avait passablement énervée lorsque j’ai du lire son histoire en secondaire – parce que j’avais envie de le secouer, j’étais assez heureuse de partager les réflexions de Charles et ses points-de-vue, bien que parfois un peu tranchés.

Le tout est rédigé sur un ton qu’on devine bien british, avec la bonne traduction proposée par Anne Marcel et le ton de l’auteur fait qu’on ne reste jamais vraiment neutre face à ce qui arrive à Charles. On sourit, souvent, on s’inquiète pour notre héros, on ressent ses doutes et ses combats intérieurs.

Je ne savais pas exactement à quoi m’attendre mais il faut reconnaître que ce livre a été une plutôt bonne surprise et qu’il m’a donné envie de me pencher plus encore sur ce que vont proposer les Editions du Typhon pour la suite.

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