My life on the road de Gloria Steinem (#OurSharedShelf – #1)

Jamais je ne me suis libellée comme féministe. J’ai même plutôt tendance à éviter les -isme, porteurs de bien trop d’extrêmes à mon goût, qui m’empêchent de m’identifier totalement (dans certaines actions – mais c’est un autre débat). La cause est pourtant logique à mes yeux, mais sans que je ne ressente le besoin de militer.

Et pourtant, quand je lis qu’Emma Watson lance un bookclub féministe sur GoodReads, je décide de sauter dedans à pieds joints. D’abord, parce qu’Emma Watson a le même âge que moi. J’ai grandi avec elle dans son rôle d’Hermione, et elle est devenu quelqu’un qui inspire le respect, de par ses différents engagements. Le monde de demain fait un peu moins peur quand on pense que parmi les modèles des jeunes filles aujourd’hui se trouvent des personnes comme elle. Ensuite, parce que même si je ne me considère pas spécialement féministe, je suis une femme. De fait, j’espérais principalement y trouver des lectures inspirantes à cet égard – comme Cherlyl Strayed et Wild avaient pu le faire, par exemple. Et tu sais quoi ? Avec My life on the road de Gloria Steinem, le premier livre d’Our Shared Shelf, c’est exactement ce que j’ai retrouvé. J’avais peur de me trouver face à une éloge des luttes féministes, mais finalement, ça l’est sans l’être et ça me convient très bien.

Petite remise en situation historique rapide, d’abord. Gloria Steinem, c’est une féministe activiste américaine, journaliste et voyageuse. Tout ça, elle l’explique dans les premiers chapitres, mais si comme moi tu es un(e) inculte des grandes figures féministes américaines, elle en fait partie il faut croire. Elle est aussi, pour la diplômée en journalisme que je suis, une des fondatrices du magazine Ms, qui a l’époque, paraissait avec cette première couv’.

La couv’ du premier Ms. Magazine

Bref, Gloria Steinem est balaise… et simple. C’est ce qu’on peut sentir après à peine un quart du livre. Petit à petit, elle décortique son parcours tant privé que professionnel, les rencontres incroyables qu’elle a faites, son père et sa mère dont elle n’est pas si éloignée qu’elle a pu le penser, etc. Ce qu’elle a fait, dans sa manière de l’expliquer, paraît tellement accessible à tous, que finalement, on se demande ce que l’on attend pour apporter sa pierre à un édifice, quel qu’il soit, que ce soit pour le féminisme ou pour d’autres causes en fait.

Lorsqu’elle parle de ses discussions avec les taxi-men (exercice qu’elle pratique dès qu’elle en a l’occasion), du fait qu’ils sont plus fiables sur les tendances politiques, sociales, culturelles et la politique internationale que la plupart des agences de sondages ou les médias, qu’elle y a vécu des tranches de vies exceptionnelles, je repense à tous ces moments où il m’a été donné, dans un cadre professionnel ou privé, d’être la personne à qui on raconte son histoire, en tout ou en partie. Je repense à Carmen et Daniel, la plus belle histoire que j’ai pu répéter pour le moment. Et je me dis que ce sont des petits bouts de vie que je pourrai emporter partout. C’est ça, la force des mots de Gloria Steinem. À travers son parcours, on ne peut s’empêcher de regarder le nôtre, de le questionner, de le féliciter ou de l’envisager.

Son livre parle de sa vie à travers ses voyages, ses engagements et ses questionnements, ses apprentissages aussi. Et pourtant, dedans, je n’ai pas cessé de me retrouver. Ses mots me donnent du pouvoir, de la force, de l’inspiration et me poussent à réfléchir à moi, en tant que femme, évidemment, en tant que blanche, aussi (puisque sa lutte touchait de près la lutte contre le racisme), en tant qu’Européenne, etc. Le livre nous remet doucement à notre place, nous fait en prendre conscience et, pour ma part, me pousse à voir comment je pourrais l’améliorer et améliorer celle des autres. Loin d’être moralisateur, donneur de leçons, le livre de Gloria Steinem est plutôt un moteur, la petite étincelle qui peut tout déclencher. Je ne dis pas que ce sera le cas pour moi, je n’en sais d’ailleurs rien. Mais je sais qu’elle aura pris le temps de me parler et de me pousser à m’interroger pour un mieux. Quand ce mieux arrivera-t-il ? Peut-être est-il déjà en train de s’installer à l’heure où j’écris ces quelques lignes qui vantent les mérites d’un simple bouquin.

Comme elle le fait un peu dans son livre, j’ai l’impression de m’éparpiller, et pourtant, de vous partager exactement ce qu’il faut. Je vais donc conclure simplement : j’ai peur pour la suite d’Our Shared Shelf. En choisissant Gloria Steinem, Emma Watson a placé la barre très haut. Mais, étant novice du féminisme, plutôt observatrice que pratiquante, je me dis que si ce n’est là qu’une petite dose d’une série de témoignages et romans tout aussi puissants, elle aura réussi son pari. Nous sommes désormais plus de 93 000 dans le bookclub virtuel. Je ne suis pas tout ce qu’il s’y passe, mais nous sommes des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes, des personnes de toutes les origines. J’ai un petit peu tenté de partager mon ressenti sur certaines parties, j’en ressors avec une discussion avec une américaine, une espagnole et une hollandaise, et je suis de près le projet de documentaire d’une anglaise. Je garde un oeil sur la possibilité de rencontres à Utrecht pour le public belge et hollandais (et allemand, et tout qui veut en fait). Tout cela n’aboutira peut-être concrètement à rien, mais j’en doute. Chacun, de notre côté, peut-être pas les 93 000, mais de nombreux lecteurs, va prendre le temps de digérer ce qu’il a lu et de vouloir, ensuite, le mettre en pratique à son niveau. Et si c’est se contenter de porter un regard plus conscient sur notre vie, dans ce cas, ça sera déjà 93 000 réussites.

Bravo Ms. Watson.

 

P.S. : J’ai virtuellement plié des tas de pages sur ma liseuse, tant il y a matière à citations. Exceptionnellement, je n’en mettrai pas dans l’article, parce que je n’arrive juste pas à choisir. Peut-être que j’y reviendrai une fois que j’aurais fait le tri !

P.P.S. : Premier livre lu en anglais cette année (et en fait, sur toute la vie), et étonnée de voir que ce n’est pas si dur. Tu veux un autre avantage du book club ? Il me force à écrire aussi en anglais, et ça dérouille un max’ ! Allez, promis, je te laisse pour cette fois !

19 réponses sur « My life on the road de Gloria Steinem (#OurSharedShelf – #1) »

      • Merci !
        Oui, je voyais que tu l’avais pris en numérique, et comme ça m’intéresse vu que j’ai une liseuse… mais la mienne ne lit pas les format Kindle ! Je devrais trouver facilement pour Kobo quand même ^^

    • Merci 🙂 En tout cas, rien que regarder le livre de plus près, je te le conseille 🙂 Pour le book club, on prend ou on ne prend pas. Il y a peut-être une rencontre non-virtuelle qui s’organise à Bruxelles, j’irai jeter un oeil 🙂

    • Your article is very very interesting and it’s good to see the impact a book can have. Don’t know if you read this book because of Our Shared Shelf, but if it’s the case, I’m curious to see what will come next for us in the group, to have more things to think about 🙂

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  2. Je suis tellement contente de voir que je ne suis pas la seule à me sentir hyper impliquée dans ce club de lecture ! J’ai aussi adoré « My life on the road » de Gloria Steinem, j’ai aimé le fait que ce soit aussi un parcours contemporain et non passé. Je viens de commander « La couleur pourpre » d’Alice Walker à ma librairie en français, j’espère que j’en ressortirai enrichie aussi 🙂

    • C’est sûr que la barre a été placée très haut avec My life on the road 🙂 Mais à mon avis, OSS nous réserve encore de belles surprises 🙂

  3. J’ai adoré ce livre. Je l’avais repéré dans les bestsellers du NYT puis quand j’ai vu qu’il s’agissait de la première lecture du bookclub féministe d’Emma Watson, j’ai décidé de le lire. Vie passionnante, engagement total pour l’égalité politique quelle qu’elle soit, belle plume, Gloria Steinem force l’admiration et s’adresse pourtant humblement à nous toutes. Ce que je retiens de son message, c’est que les changements viennent d’en bas, de nous, quoi. Ton billet me donne envie d’aller faire un tout du côté d’OSS.

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